Dans un contexte de crise multidimensionnelle dans l’espace sahélo-saharien, le G5 Sahel s’efforce à accomplir au mieux les missions qui lui sont assignées afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations. Parmi les défis à relever, l’éducation, notamment celle des filles et l’implication plus grande des femmes dans tous les aspects de la vie sociale pour leur participation active à la préservation et la consolidation de la paix, ainsi qu’au développement durable de l’espace du G5 Sahel. Dans cette optique, ce reportage nous présente Nana SANGARE, premier officier féminin au sein du Collège de Défense du G5 Sahel.
Salwa Cherif
G5 Sahel reportage sur le « Genre » : Le cas du Colonel-Major Nana Sangaré
Visite de l’Ambassadeur du Burkina Faso auprès de la Mauritanie au Secrétariat Exécutif du G5 Sahel
SEM Jacob Ouédraogo, Ambassadeur du Burkina Faso auprès de la Mauritanie avec résidence à Dakar, s’est rendu au siège du Secrétariat Exécutif du G5 Sahel où il a été reçu par M. Kouldjim Guidio, Expert Résilience du G5 Sahel, M. Gilbert Zongo, Directeur de cabinet du Secrétaire exécutif du G5 Sahel, et le Colonel Major Mahamadi Gansonré, Assistant technique auprès du Collège de défense du G5 Sahel.
La rencontre a porté sur les points ci-après:
– D’abord, une présentation du G5 Sahel, son déploiement institutionnel et ses principaux résultats ;
– Puis, les perspectives de collaboration entre le Secrétariat exécutif et l’Ambassade, notamment en matière de partage d’informations et de plaidoyer auprès des partenaires ;
– Enfin, les perspectives de mise en place d’un groupe de travail et d’un mécanisme de travail avec les Ambassadeurs des pays du G5 Sahel auprès de la Mauritanie.
La rencontre a été suivie par une visite guidée des nouveaux locaux du Secrétariat exécutif du G5 Sahel.
L’Ambassadeur était accompagné de Mme Eliane OUEDRAOGO, Première Conseillère à l’Ambassade du Burkina Faso à Dakar.

Visite de l’Envoyé Spécial de la France pour le Sahel au siège du Secrétariat Exécutif du G5 Sahel
Le 06 octobre 2020, SEM Frédéric Bontems, Envoyé Spécial de la France pour le Sahel a été reçu par le Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, SEM Maman Sambo Sidikou.
Les échanges avec l’Envoyé spécial qui occupe également, de façon temporaire, les fonctions de Secrétaire général de la Coalition pour le Sahel ont concerné les points ci-après :
- Le processus de mise en place du Secrétariat de la Coalition pour le Sahel et son transfert de Paris à Bruxelles, d’ici le début de l’année 2021 ;
- Les perspectives de proposition par les Etats du G5 Sahel d’un candidat au poste de Haut représentant de la Coalition pour le Sahel ;
- La tenue prochaine d’une réunion du groupe de contact de la Coalition (Hauts fonctionnaires) le 08 octobre 2020 par visioconférence ;
- Les perspectives de tenue d’une réunion ministérielle de la Coalition avant la fin de l’année 2020.

Les échanges ont permis de partager les idées et les réflexions sur les missions de la Coalition et de son Secrétariat, d’évoquer les conclusions de la 8ème session ordinaire du Conseil des ministres du G5 Sahel du 05 octobre 2020, notamment en ce qui concerne la réforme du Secrétariat exécutif.


Le Secrétaire exécutif et l’Envoyé Spécial, après des remerciements mutuels se sont donnés rendez-vous à Paris vers la fin du mois d’octobre 2020 où ils procéderont à la signature d’un mémorandum d’entente entre le Secrétariat exécutif et le Secrétariat de la Coalition pour le Sahel.
Opération SAMA : la Force Conjointe du G5 Sahel démantèle un plot logistique des GAT dans le Gourma.
Communiqué de Presse
Le 26 août 2020, au cours d’une opération de contrôle de zone dans le Gourma malien, une compagnie de la Force Conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) a découvert un important plot logistique des Groupes Armés Terroristes (GAT).

En progression vers la ville de Kobou, un Echelon Tactique Interarmes (ETIA) malien de la Force Conjointe a été pris à parti par plusieurs terroristes. Après quelques échanges de tirs, ces derniers ont choisi de fuir le combat, abandonnant derrière eux une vingtaine de motos, des moyens de communication et une importante quantité de carburant.

Dans cette région où les GAT sont nombreux, cette tactique d’évitement est illustrative d’un rapport de force défavorable et d’une certaine désorganisation des GAT. La Force Conjointe démontre quant à elle une bonne capacité de mobilité en cette saison des pluies. En effet, malgré des conditions météorologiques difficiles et des axes dégradés, l’ETIA a su mener à bien cette mission jusqu’à Kobou.
Par le contrôle de zone, la Force Conjointe contribue au retour progressif de l’Etat dans la zone des trois frontières. Cette action s’inscrit dans le cadre de l’opération SAMA, dans la zone des trois frontières.

La Force Conjointe du G5 Sahel est une force régionale qui a pour mission de lutter contre les terroristes dans les régions frontalières communes aux pays du G5 Sahel, en étroite coordination avec toutes les forces nationales et la force Barkhane. La Force Conjointe du G5 Sahel, composée d’unités provenant du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, est mandatée pour intervenir au-delà des frontières de ces pays dans le cadre d’une réglementation paraphée par les cinq Chefs d’Etat du G5 Sahel.
Source: Cellule de communication de la FC G5 Sahel.
Le G5 Sahel et le BIT ont organisé un atelier de validation de l’étude monographique des infrastructures et pratiques résilientes pour la maitrise d’eau au Niger
En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du projet « les mandants de l’OIT membres du G5 sahel intègrent le travail décent dans leur programme prioritaire » financé sur fonds propre du BIT, une étude sur la monographie des pratiques et infrastructures résilientes pour la maitrise d’eau au Niger a été conduite du 25 Mai 2020 au 03 Juillet 2020. Après le dépôt du rapport provisoire de ladite étude par le consultant, un atelier de sa validation a été organisé par le BIT en collaboration avec le G5 sahel. Cet atelier a eu lieu le lundi 31 Aout 2020 à l’Hotel NOOM de Niamey au Niger du 09 h à 16h30. L’objectif de cet atelier est de partager les résultats de cette étude aux parties prenantes afin de les internaliser..
Les travaux ont été conduits sous la coordination du coordonnateur, point focal du G5 sahel, Monsieur Mahamane Saidou , et les membres du CNC, ainsi que les départements clefs des infrastructures du Niger.
Interview du Général Mohamed Znagui ould Sid’Ahmed Ely, Expert Défense et Sécurité du G5 Sahel
La capitale mauritanienne Nouakchott a abrité, le 30 juin, un sommet de suivi de la feuille de route de Pau regroupant les pays du G5 Sahel, la France et d’autres partenaires étatiques et institutionnels de la Coalition pour le Sahel. Le Général Mohamed Znagui Ould Sid’Ahmed Ely, Expert Défense et Sécurité du G5 Sahel analyse, dans cet entretien, les résultats de ce sommet et les enjeux futurs de la lutte contre le terrorisme.
(Entretien avec le magazine AFRIMAG)
AFRIMAG : Le G5 Sahel vient de tenir à Nouakchott l’une de ses rencontres qui est sans doute des plus réussies. Peut-on dire qu’il y aura un avant et un après le sommet de Nouakchott perçu comme un nouveau départ ?
Général Mohamed Znagui Ould Sid’Ahmed Ely : Permettez-moi d’abord de vous remercier pour m’avoir donné l’occasion d’éclairer l’opinion en levant un certain nombre d’équivoques : Ce Sommet de Nouakchott n’est pas à proprement parler un Sommet du G5 Sahel. Il s’agit en réalité d’un sommet de suivi de la feuille de route de Pau. Il faut se rappeler que le 13 janvier 2020 s’est tenue à Pau, en France, une réunion des chefs d’États du G5 Sahel et de la France et qu’il a été décidé de créer un cadre appelé : Coalition pour le Sahel regroupant les pays du G5 Sahel, les partenaires traditionnels et tous les États, organisations et bailleurs de fonds intéressés par la problématique du Sahel. Cette Coalition est ouverte et repose sur quatre piliers à savoir : la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des armées de la région, le retour des services régaliens de l’État dans les zones où ils n’y sont plus et enfin l’aide au développement. A cette fin, une feuille de route a été élaborée et les moyens de son suivi ont été déterminés parmi lesquels : un Sommet périodique des chefs d’États. Il s’agissait donc pour ce Sommet, après 6 mois, de faire l’état des lieux, faire le constat de ce qui a été réalisé et donner les orientations pour la période à venir. Il s’agissait aussi de constater l’intérêt porté par les partenaires à cette coalition et lancer un appel pour son élargissement. Le G5 Sahel en tant qu’organisation régionale est naturellement au centre de ce dispositif, mais conserve néanmoins sa propre personnalité, ses structures statutaires et ses objectifs stratégiques, tant au plan du développement qu’au plan de la sécurité. On peut donc dire que ce sommet de Nouakchott est une continuation logique forte et appuyée, avec un avant fondateur et un après porteur de réalisations et d’espoirs pour la région du Sahel.

AFRIMAG : L’argent est le nerf de la guerre, et pourtant, le G5 Sahel ne parvient toujours pas à mobiliser les montants nécessaires à une bonne opérationnalité sur le terrain. Ne faudrait-il pas que ces pays s’adaptent à ce contexte de rareté des ressources et fassent eux-mêmes des efforts, comme ils le feraient pour leurs propres armées?
Général Mohamed Znagui Ould Sid’Ahmed Ely : Vous avez bien raison : «L’argent est le nerf de la guerre» ; mais il est aussi le nerf de la paix. Vous semblez parler uniquement de la Force Conjointe et vous oubliez le plan d’investissements prioritaires du G5 Sahel (PIP). En ce qui concerne la FC, nous avions demandé un financement initial de 420 millions d’euros pour les équipements et le lancement de la Force et 120 millions par an pour le fonctionnement et l’entretien. Les financements n’ont pas été au rendez-vous comme on le voulait. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu des financements ; il y en a bien eu ! Et c’est le lieu de remercier particulièrement l’Union européenne, notre principal bailleur, et plusieurs autres, à des degrés divers. Ces financements sont souvent fournis avec retard par rapport à l’urgence et à la nécessité d’obtenir des résultats sur le terrain; ils sont obtenus avec des conditions d’emploi et des procédures qui en limitent l’efficacité. Et pour répondre directement à votre question, je dirais que tout cela n’a pas empêché la Force conjointe d’être mise sur le terrain, et dans les délais prescrits, uniquement au début avec les moyens propres aux États en dépensant plus d’ailleurs que pour leurs propres armées nationales. A titre d’exemple, chacun des États a investi 10 millions d’euros pour le premier équipement de son contingent ; les militaires engagés au sein de la force conjointe sont payés et entretenus par leurs pays d’origine et coûtent plus chers que les militaires en opérations nationales. Enfin, tout ceci pour vous dire que les États de la région ne sont pas restés l’arme au pied en attendant l’arrivée des financements et pour vous dire aussi que les financements arrivent particulièrement de l’Union européenne mais suivant des conditions et des procédures qui en limitent parfois l’efficacité sur le terrain. Ne pas oublier surtout que le gros des financements a été demandé pour le plan d’investissements prioritaires lors de la table ronde des bailleurs à Nouakchott, en 2018, et que les promesses obtenues de 2 milliards d’euros étaient plus que satisfaisantes. Cependant, les aléas de la bureaucratie et de la diplomatie ont fait que nos populations sont toujours en attente de réalisations probantes et effectives sur le terrain. Il s’agit-là de l’aspect développement, sans lequel au Sahel, la lutte contre l’insécurité serait peine perdue.

AFRIMAG : Nous entendons souvent parler de «Guerre asymétrique». Pouvez-vous expliquer aux profanes ce que signifie ce concept et nous dire en quoi elle contrarie les opérations que mènent les armées régulières ?
Général Mohamed Znagui Ould Sid’Ahmed Ely : Le concept de «Guerre asymétrique» est aussi ancien que la Guerre elle-même ; il a déjà été analysé et développé par Sun Tzu dans «l’Art de la Guerre» au Vème Siècle avant JC. Pour faire court et ne pas développer des théories complexes, il s’agit de la guerre du faible au fort contrairement à la guerre dissymétrique qui est la guerre du fort au faible ; à différencier aussi de la guerre classique entre deux États utilisant des armées et des moyens classiques. Il s’agit en fait, de nos jours, de groupes politiques, religieux, terroristes ou simplement criminels menant une guerre contre des Etats, utilisant tous les moyens : destructions, prises d’otages, sabotages, propagande en vue d’infléchir, d’affaiblir ou détruire un système ou un ordre établi. Il y a souvent présence d’une victime collatérale innocente telle que les populations civiles, etc. Nos armées sont équipées, entraînées pour combattre contre d’autres armées ; leur mission c’est de défendre l’intégrité du territoire contre toute agression extérieure. Donc, elles n’ont pas vocation à combattre un ennemi dilué au sein de la population, agissant par petits groupes, utilisant des véhicules utilitaires ou de simples motocyclettes. Nos armées ont été engagées dans ce combat par nécessité et suivant l’urgence. «C’est comme si on vous donnait un gros marteau et vous demandait de tuer tous les moustiques se trouvant dans votre chambre, parfois dans l’obscurité ». Enfin, j’exagère, mais c’est une caricature.
AFRIMAG : L’approche intégrée dont a parlé le Président de la Commission africaine lors du sommet de Nouakchott, peut-elle se faire en dehors du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies?
Général Mohamed Znagui Ould Sid’Ahmed Ely : L’approche intégrée est la seule qui vaille ! Il s’agit de combattre l’insécurité, mais aussi de combattre ses causes : le sous-développement, la pauvreté, les inégalités, l’injustice et la mal-gouvernance. Le Chapitre VII, quant à lui, et à ce que j’en sache, autorise et réglemente l’usage de la force pour le rétablissement et le maintien de la Paix. Il est important et demandé avec insistance pour la force conjointe du G5 Sahel en vue de donner une plus grande légitimité à son action et à lui garantir un financement pérenne ne serait-ce qu’en tant qu’obligation morale, au cas où elle ne serait pas juridique.
AFRIMAG : Vous avez dit une fois que «la menace se développe plus rapidement que les moyens». Quels moyens faut-il réellement pour mener une guerre à un ennemi dont les moyens sont pourtant classiques, ne disposant ni d’avions ni de chars ?
Général Mohamed Znagui Ould Sid’Ahmed Ely : Cette question fait la synthèse de ce que nous disions plus haut. En effet, la menace se développe plus rapidement que les moyens. Au niveau du G5 Sahel, nous avions développé une vision (pour ne pas continuer à utiliser le terme stratégie). Nous sommes conscients que la menace est intérieure, asymétrique, globalement localisée dans les zones transfrontalières. C’est à partir de ce constat que nous avons engagé les forces armées dans l’urgence, que nous avons constitué la force conjointe pour nettoyer et sécuriser les zones frontalières et y ramener les services de l’État. Parallèlement à cela, nous avons entrepris une montée en puissance des services de sécurité intérieure en vue de remplacer au fur et à mesure les forces de défense. Tout ce travail est accompagné d’actions de développement et de mise en confiance des populations. Pour parvenir à des résultats dans le contexte que vous décrivez, l’arme principale demeure le renseignement ; et qui dit renseignement dit population. Il faut donc mettre les populations en confiance en les protégeant et en les fidélisant ; il faut bien sûr avoir des moyens aériens et électroniques performants (les plus coûteux ne sont généralement pas les plus adaptés à notre contexte). Il faut avoir des moyens de combat adaptes : c’est à dire légers, rapides, autonomes et surtout des hommes déterminés et aguerris. Vous ne pouvez pas empêcher un tel ennemi de commettre des forfaits, mais vous pouvez lui imposer un taux de pertes insupportables pour son moral et pour ses effectifs. Malheureusement au G5 Sahel, nous ne disposons pas de tous les leviers en particulier l’argent «le nerf de la guerre», et comme dit plus haut, les financements n’arrivent pas au rythme souhaité et dans la forme souhaitée. Cela me ramène à vous dire que la menace s’est beaucoup développée : jadis concentrée au Nord du Mali, elle s’est élargie au centre, au Niger voisin, au Burkina Faso et menace désormais les pays de la côte Atlantique. Il est à craindre qu’une autoroute du crime ne soit établie entre le Golfe de Guinée et la côte Sud de la Méditerranée en passant par la Libye. A noter que les efforts actuellement déployés par la coalition pour le Sahel conjointement avec la Force Conjointe dans la Zone des trois frontières ne manqueront pas d’infléchir la courbe des événements et de donner un coup d’arrêt à ce développement de la menace.
Communiqué final du sommet de Nouakchott pour le suivi de la feuille de route du sommet de Pau
SOMMET DE NOUAKCHOTT
30 juin 2020
COMMUNIQUE FINAL
- Sur invitation de S.E.M. Mohamed Cheikh El GHAZOUANI, Président de la République Islamique de Mauritanie, Président en exercice du G5 Sahel, les Chefs d’État des pays membres du G5 Sahel et le Président de la République française se sont réunis ce jour 30 juin 2020 à Nouakchott, en vue de faire le point de la mise en œuvre de la feuille de route convenue lors du Sommet de Pau (France), tenu le 13 janvier 2020, et d’évaluer la situation au Sahel.
- Etaient présents à ce Sommet les Chefs d’Etat ci-après :
- S.E.M. Emmanuel MACRON, Président de la République française ;
- S.E.M. Idriss DEBY ITNO, Président de la République du Tchad ;
- S.E.M. Issoufou MAHAMADOU, Président de la République du Niger ;
- S.E.M. Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République du Mali ;
- S.E.M. Roch Marc Christian KABORE, Président du Burkina Faso.
- S.E.M. Pedro SANCHEZ, Président du Gouvernement du Royaume d’Espagne ;
- Le Sommet a enregistré la participation de :
- S.E.M. Moussa Faki MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine ;
- S.E. Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
- Ont également pris part au Sommet, par visioconférence et par vidéo enregistrée :
- S.E.M. Charles MICHEL, Président du Conseil européen ;
- S.E. Madame Angela MERKEL, Chancelière de la République Fédérale d’Allemagne ;
- S.E.M. Giuseppe CONTE, Président du Conseil des Ministres de la République Italienne ;
- S.E.M. Antonio GUTERRES, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies.
- Ce Sommet marque une nouvelle étape dans le suivi des engagements communs pris à Pau. Il s’inscrit dans un contexte international marqué par des développements majeurs, notamment la persistance des attaques terroristes au Sahel et la détérioration de la situation sécuritaire en Libye, avec des risques réels sur la stabilité au Sahel et dans la sous-région. Cette stabilité est aussi mise à rude épreuve par la pandémie de la COVID-19 dont l’impact économique et social se fait déjà cruellement sentir.
- Au-delà de son lourd bilan humain et sanitaire, la pandémie affecte gravement les économies des pays du G5 Sahel déjà fragiles, avec un risque de contraction sérieuse du Produit Intérieur Brut (PIB) pouvant aller, pour certains Etats, de 7% à 8% en 2020. L’organisation physique du présent Sommet dans de telles circonstances est en soi une preuve de résilience et de persévérance face à cette crise sans précédent. Tout en réaffirmant leur détermination à déployer tous les moyens nécessaires pour venir à bout de ce fléau, les Chefs d’Etat expriment leur solidarité aux familles éplorées et adressent leurs souhaits de prompt rétablissement à tous les malades.
- Tout en remerciant tous les partenaires qui ont déjà manifesté leurs soutiens aux Plans de riposte élaborés par les pays du G5 Sahel, les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont saisi cette opportunité pour renouveler leur appel à l’annulation de la dette extérieure des pays du G5 Sahel, tel que formulé dans la « Déclaration de Nouakchott sur la pandémie de COVID-19 » issue de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat du G5 Sahel du 27 avril 2020.
- Examinant la mise en œuvre de la Feuille de route de Pau en lien avec l’évolution de la situation dans l’espace du G5 Sahel, les Chefs d’Etat ont salué les efforts accomplis par l’ensemble des acteurs aussi bien des États sahéliens que de leurs partenaires internationaux. Ils ont rendu un vibrant hommage aux victimes civiles et militaires des conflits en cours au Sahel. Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont rappelé que les allégations d’exactions par des éléments des forces de défense et de sécurité feront l’objet d’enquêtes et, si les faits sont avérés, de sanctions exemplaires.
- Les Chefs d’Etat se sont félicités du lancement officiel de la « Coalition pour le Sahel » le 28 avril dernier dans le cadre d’une visioconférence entre l’Union européenne et le G5 Sahel et de la tenue de la première réunion ministérielle de cette coalition le 12 juin 2020. Ils ont salué la forte participation de l’ensemble des partenaires du G5 Sahel à cette réunion, et ont appelé à la consolidation de ladite Coalition, ainsi qu’à la détermination de son architecture et des outils de sa gouvernance, en étroite collaboration avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel.
- La lutte contre le terrorisme se poursuit avec détermination et une meilleure cohérence d’ensemble.
Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont salué l’engagement des effectifs supplémentaires de la Force Barkhane au cours du dernier semestre et l’opérationnalisation du Mécanisme de Commandement conjoint facilitant la coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et la Force Barkhane. Ils se sont félicités de la reprise d’opérations soutenues dans la zone des Trois frontières, des succès enregistrés par les forces nationales, la Force conjointe et les forces internationales. En outre, ils ont salué la neutralisation du chef d’AQMI le 3 juin 2020 dans la région de Tessalit par la Force Barkhane et ses alliés.
Les Chefs d’Etat ont salué, une fois encore, le succès de l’opération éclair « Colère de Boma » dans la région du Lac Tchad au mois d’avril 2020 contre les factions de Boko Haram qui imposent un autre front au Tchad et au Niger, méritant également l’attention de la communauté internationale.
Les Chefs d’Etat saluent également l’adoption par la CEDEAO d’un plan d’actions prioritaires 2020-2024 pour éradiquer le terrorisme dans l’espace CEDEAO, encouragent sa mise en œuvre effective et saluent les concertations avec les parties prenantes. Par la même occasion les Chefs d’Etat apprécient grandement, dans le cadre de ce plan d’actions, la mise à disposition du Mali, du Burkina Faso et du Niger, d’un soutien en vue de participer à la sécurisation des trois frontières de la Zone LIPTAKO.
Les Chefs d’État ont néanmoins noté la persistance d’un second front dans la zone du Lac-Tchad au Niger et au Nigeria et un renforcement des capacités terroristes locales dans ces zones, remettant en cause les résultats obtenus lors de l’opération « Colère de Boma ». Ils ont également noté l’extension de la menace terroriste en direction de la Côte d’Ivoire suite à l’attaque récente de la garnison ivoirienne de Kafolo.
Les Chefs d’Etat ont exprimé leur préoccupation face à l’expansion de la menace terroriste dans la sous-région et ont souligné l’urgence d’une action collective et énergique en vue de l’éradiquer.
Les Chefs d’Etat ont noté avec satisfaction la redynamisation progressive du cadre d’échange, d’analyse et d’exploitation coordonnées des renseignements à travers le processus d’institutionnalisation de Plateformes Nationales de Coopération en Matière de Sécurité (PCMS). Dans la même dynamique, ils ont invité le Secrétariat exécutif du G5 Sahel à travailler, en rapport avec les services concernés dans les pays membres du G5 Sahel, à l’opérationnalisation du Centre de fusion des renseignements (CFR) à Niamey.
- Le renforcement des capacités militaires des Etats se poursuit et demeure crucial.
Les Chefs d’Etat ont salué l’engagement et le rôle déterminant de l’Union européenne en matière de conseil, de formation, d’équipement et d’infrastructures. Ces efforts sont valorisés et mis en cohérence dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S).
Tout en saluant l’engagement et les apports des autres partenaires, notamment des Etats-Unis, les Chefs d’Etat ont insisté sur la nécessité de poursuivre et de renforcer l’appui en équipements des Forces de défense et de sécurité des États membres du G5 Sahel et de la Force conjointe. Ils ont également encouragé l’élargissement et la diversification des activités de soutien de tous les partenaires à tous les pays membres du G5 Sahel, y compris en matière de formation, en fonction des besoins et spécificités de chacun.
- Le retour de l’Etat et des administrations dans les zones fragiles est engagé.
Les Chefs d’Etat ont pris note du redéploiement progressif des administrations et du retour de certains déplacés dans leurs localités d’origine à la faveur des opérations de sécurisation. Ils ont relevé que des efforts restent à faire, non seulement pour le retour effectif des populations, mais aussi pour la mise en œuvre de programmes de développement entravée ou retardée avec la survenue de la pandémie du coronavirus.
Ils ont souligné l’importance de mener à bien, dès que possible, des initiatives à l’échelle régionale, nationale et locale, en faveur du dialogue intercommunautaire, de la réconciliation et du traitement des questions de fond sur le partage des ressources ou les litiges fonciers.
Les Chefs d’Etat soutiennent l’engagement permanent et multiforme de l’Union européenne à travers des missions de renforcement de capacités des forces de sécurité intérieures (EUCAP) en partenariat avec les agences des Nations-Unies, notamment l’Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), et estiment que cet engagement doit être renforcé pour l’ensemble des pays du G5 Sahel.
- La mobilisation des ressources pour le développement de l’espace G5 Sahel se poursuit.
Tout en se félicitant des efforts faits jusqu’ici par certains partenaires, les Chefs d’Etat rappellent l’importance du Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) pour les populations du Sahel et pour la lutte contre le terrorisme et invitent la Communauté internationale à libérer l’ensemble des fonds promis lors du Sommet de Nouakchott du 6 décembre 2018.
Les Chefs d’Etat se sont également félicités de la mise en place d’une approche territoriale intégrée en cohérence avec le Cadre d’Actions Prioritaires Intégré (CAPI) du G5 Sahel, adopté lors du Sommet de février 2020 à Nouakchott, et appellent à sa mise en œuvre diligente.
En outre, les Chefs d’Etats se sont félicités de la nouvelle dynamique impulsée par la tenue de l’Assemblée générale de l’Alliance Sahel le 25 février 2020 à Nouakchott, et ont salué la poursuite de la mise en œuvre des projets du Programme de Développement d’Urgence (PDU) par l’Alliance Sahel.
Conscients que la crise au Sahel est aussi une question de développement, les Chefs d’Etat ont salué la tenue, le 16 juin 2020, de la réunion des Ministres en charge du développement des pays membres du G5 Sahel qui s’est penchée sur l’exécution du PIP. Ils ont instruit lesdits Ministres d’accélérer la mise en œuvre des programmes de développement, en coordination avec les partenaires du G5 Sahel.
- Tout en se félicitant de la dynamique positive enclenchée, les Chefs d’Etat ont souligné le besoin d’intensification du combat sur tous les fronts des forces nationales et internationales contre les groupes terroristes et ont appelé à la poursuite de la mise en œuvre de la Feuille de route de Pau et du Plan d’action de la Force conjointe du G5 Sahel.
A cet égard, les Chefs d’Etat ont renouvelé leur engagement à ne tolérer aucune violation des droits de l’homme, et au respect du droit international humanitaire. A cet effet, ils se sont engagés à renforcer la judiciarisation des champs des opérations, notamment en poursuivant la montée en puissance de la composante prévôtale des armées nationales et de la Force conjointe, et l’adhésion de l’ensemble des forces de défense et de sécurité au cadre de conformité en matière des Droits de l’homme.
- Les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont plaidé pour un engagement militaire accru de la Communauté internationale dans la lutte globale contre le terrorisme au Sahel. Ils ont exprimé leur reconnaissance à l’égard de l’appui crucial apporté par la France et les Etats-Unis, ainsi que celui de la MINUSMA au bénéfice de la Force conjointe du G5 Sahel. Ils ont salué les perspectives de déploiement des premiers soldats de la Force Takuba à l’été 2020, d’une brigade de la Grande Bretagne en appui à la MINUSMA en 2020, et d’un contingent de 3000 hommes de l’Union africaine. Ils ont, en outre, salué le renouvellement et le renforcement du mandat de la MINUSMA.
- Conscients du fait que l’action de la Force conjointe du G5 Sahel s’inscrit dans une perspective de long terme dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, les Chefs d’Etat du G5 Sahel ont salué les propositions faites par le Secrétaire Général des Nations Unies pour son renforcement et réitéré leur demande pour un financement pérenne de la Force, ainsi que l’octroi d’un mandat sous le Chapitre VII de la charte des Nations-Unies. Dans l’attente, ils ont salué le soutien logistique apporté par la MINUSMA dans le cadre d’un mécanisme de financement coordonné par l’Union européenne et sollicité de nouvelles contributions pour soutenir l’action des forces nationales et régionales du G5 Sahel afin qu’elles acquièrent leur autonomie et s’approprient la situation sur le terrain.
- Les Chefs d’Etat ont réitéré leur soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Sur le volet sécuritaire, ils se sont félicités de la reprise du processus de Désarmement Démobilisation Réintégration (DDR) et du retour des premières unités des Forces armées maliennes reconstituées (FAMAR) au Nord, qui reste cependant à finaliser à Kidal. Sur les volets politique, institutionnel et de développement, ils ont constaté des progrès notables mais insuffisants, et ont appelé à la poursuite des efforts des différentes parties.
Les Chefs d’Etat ont également salué l’initiative de la CEDEAO d’envoi d’une mission ministérielle au Mali afin de trouver une issue pacifique à la situation préoccupante que traverse le pays. Ils condamnent toute violence et exhortent les parties au dialogue. Par ailleurs, ils encouragent la CEDEAO à poursuivre les efforts en vue d’aboutir à un apaisement social indispensable à la mise en œuvre
des réformes et à la lutte contre le terrorisme.
- Les Chefs d’Etat ont noté avec satisfaction la dynamique positive du G5 Sahel dans la mise en œuvre de la stratégie pour le développement et la sécurité (SDS) et la perspective d’aboutissement de la réforme du Secrétariat exécutif du G5 Sahel en 2020.
- Les Chefs d’Etat ont exprimé leur profonde gratitude à Son Excellence Monsieur Mohamed Cheikh El GHAZOUANI, Président de la République Islamique de Mauritanie, au Gouvernement et au peuple mauritaniens, pour l’hospitalité généreuse, l’accueil authentiquement africain et l’attention dont ils ont été l’objet tout au long de leur séjour à Nouakchott. Ils lui ont également adressé leurs félicitations pour l’important dispositif mis en place pour prémunir les participants dans ce contexte de pandémie de Covid 19.
- Le prochain Sommet se tiendra courant 2021 dans un pays du G5 Sahel. La Coalition pour le Sahel y sera associée. Le suivi des engagements inclura les Ministres en charge du développement en plus de ceux des Affaires étrangères et de la Défense.
Fait à Nouakchott, le 30 juin 2020
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